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Le pouvoir de la méditation sur les blessures du corps

Le Point - Publié le 29/11/2014 à 15:26

Le livre "La méditation m'a sauvé" raconte l'histoire d'un moine tibétain qui a trouvé en lui les moyens de guérir une gangrène détruisant sa cheville droite.

"Tu as en toi la sagesse qui donne la force de guérir", affirme le dalaï-lama. © Ashwini Bhatia/AP / SIPA

 

Par ANNE JEANBLANC

 

La méditation m'a sauvé* est un livre qui ne peut pas laisser indifférent. C'est un ouvrage qui amène à se poser beaucoup de questions sur les pouvoirs de l'esprit sur le corps, de la méditation sur la conservation de la santé, voire la guérison, un livre parfait pour les longues soirées d'automne. L'ouvrage raconte l'histoire de Phakyab Rinpoché, un moine tibétain d'une quarantaine d'années qui s'est confié à Sofia Stril-Rever, présentée comme indianiste, écrivain et biographe du dalaï-lama, qui enseigne la méditation et le mantra yoga.

Le 16 novembre 2003, il prend la décision la plus importante de sa vie. Alors qu'il est pris en charge gratuitement à New York, à l'hôpital Bellevue, dans le cadre du programme des survivants de la torture géré par le ministère américain de la Santé, il décide d'arrêter les soins. Et pourtant, il souffre d'une "nécrose destructrice" à la cheville droite liée à des brutalités policières. Selon le diagnostic, le processus de décomposition du cartilage, des os et des tissus est irréversible, trop avancé pour envisager une chirurgie conservatrice. Tous les médecins consultés insistent sur l'urgence de l'amputer, pour éviter une infection généralisée fatale. De plus, une tuberculose osseuse ronge ses vertèbres.

Impossible d'accepter l'amputation

S'il prend cette décision ce 16 novembre, c'est qu'il vient de recevoir une réponse du dalaï-lama en personne au courrier qu'il lui avait adressé en lui demandant de l'aider dans son choix. Il faut savoir qu'il n'a jamais accepté l'idée d'une amputation. "Couper n'est pas soigner", martèle-t-il régulièrement, déçu par cette solution proposée par les médecins d'une nation si puissante. "Je préfère rester un lama à patte d'éléphant (en raison de l'oedème monstrueux de sa jambe, NDLR), plutôt qu'à patte de souris (la taille de la prothèse, NDLR)", fait-il dire à son interprète.

"La mutilation physique est invalidante", ajoute-t-il. En plus, "couper une partie de ma jambe, c'est également détruire le support physique du système nerveux qui lui correspond. Plus tard ce sera un obstacle dans mes pratiques de yoga de l'énergie interne, car, aux stades avancés, ils requièrent de pouvoir faire circuler le principe vital à travers un corps physique complet." Et cette intégrité est aussi importante après la mort, a fortiori pour un moine bouddhiste.

Trois années de méditation

Alors la réponse du dalaï-lama vient le conforter dans sa décision : "Pourquoi cherches-tu la guérison à l'extérieur de toi ? Tu as en toi la sagesse qui donne la force de guérir. Une fois guéri, tu enseigneras au monde comment guérir." Il faudra trois années de méditation très intense à cet homme initié dès l'âge de 16 ans pour que sa cheville se régénère et qu'il puisse à nouveau marcher sans béquille et sans souffrir. Les comptes rendus médicaux sont éloquents. Les médecins qui l'ont suivi parlent de "guérison inexpliquée", voire "miraculeuse". Lui regrette que ces hommes de science restent aussi hermétiques aux possibilités de la méditation, de la puissance de l'esprit sur le corps. Mais une chose est certaine : bien peu de personnes dans le monde peuvent atteindre le niveau de spiritualité de Phakyab Rinpoché.

 

* "La méditation m'a sauvé", éditions du Cherche-midi, 280 pages, 16,80 euros